legumineuses
Méthode d'action collective via un artefact culturel

Mobiliser un artefact médiateur pour l'action collective vers la transition agroécologique

Catherine Milou, en thèse CIFRE entre la coopérative agricole QUALISOL et l'UMR LEREPS, étudie comment un processus transactionnel entre agriculteurs et consommateurs mobilisant la qualité comme artefact médiateur permet d'accompagner la transition agroécologique...

Résumé

L'étude présentée s'intéresse au développement d'une filière légumes secs (pois-chiches, haricots, lentilles) par une coopérative du sud-ouest de la France. Ces légumineuses à graines offrent de nombreux bénéfices, agronomiques, environnementaux, alimentaires, et s'inscrivent ainsi pleinement dans une démarche de transition agroécologique. Leur pérennisation dans les assolements des agriculteurs de la coopérative représente ainsi un enjeu sociétal, qui ne pourra être relevé que s'il fait sens pour les producteurs, autrement dit s'il est intégré à leurs raisons d'agir. De fait, les producteurs tendent à évaluer les intérêts de ces cultures au regard de perspectives économiques à court terme, sans intégrer suffisamment l’apport des services écosystémiques. Or, pour asseoir le développement des légumineuses dans les assolements, les agriculteurs doivent parvenir à appréhender l'ensemble de leurs bénéfices agroécologiques et sociétaux. Cela suppose que leur processus de décision articule des logiques de court terme et de long terme et combine des dimensions individuelles et collectives

Nous abordons les transformations de ces raisons d'agir à travers des délibérations entre producteurs et consommateurs du territoire. L'originalité de notre approche est de mobiliser dans ces délibérations le concept de qualité en tant qu’outil de médiation ou « artéfact », en nous appuyant sur les théories de la psychologie historico-culturelle. Avec cet artéfact médiateur, nous avons provoqué un débat sur les valeurs et ce faisant, nous avons donné aux participants les moyens de porter un nouveau regard sur leurs pratiques.

Nous avons observé en particulier une convergence du collectif vers des valeurs d'ordre social, et notamment à visée de dépassement des intérêts propres. Ces valeurs "transcendantes" ont permis d'éclairer les pratiques à la lumière de l'intérêt général. Le partage de valeurs a en outre soutenu une transaction basée sur une relation de confiance entre producteurs et consommateurs, qui a favorisé l'expression d'actions locales à même de promouvoir des pratiques agroécologiques. L'échelle territoriale du dispositif en tant que "lieu de vie" des participants, nous est apparue également comme un facteur essentiel dans la mise en action concrète de projets qu'ils ont imaginés, tout en interrogeant les possibilités de gouvernance locale.

 Auteurs :

  • Catherine Milou, LEREPS1, Qualisol. Mail : catherine.milou@univ-tlse2.fr
  • Jean-Pierre Del Corso, LEREPS1, ENSFEA2. Mail : jean-pierre.del-corso@ensfea.fr
  • Charilaos Képhaliacos, LEREPS1, ENSFEA2.  Mail : charilaos.kephaliacos@ensfea.fr
    • 1 : Lereps- Manufacture des Tabacs, 21 allée de Brienne -31042 Toulouse Cedex. France.
    • 2 : Ensfea - BP 22687 2 route de Narbonne - 31326 Castanet-Tolosan cedex. France.

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