Trois veaux croisés

Le croisement laitier

Qu’est-ce que le croisement laitier ?

En élevage, le croisement est la pratique qui consiste à faire s’accoupler deux animaux appartenant à la même espèce mais à des races différentes.

Les races d’élevage sont principalement issues de la sélection de caractères spécifiques. Avantages et limites

Une race désigne une population d’individus d’une même espèce (ex : la vache) qui partagent des caractères distincts des autres populations de l’espèce et héréditaires (c’est-à-dire transmis à la descendance et donc présents dans le patrimoine génétique de chaque individu de la race). Ces caractères peuvent être de nature morphologique (ex : la couleur de la robe) et/ou physiologique (ex : la quantité de lait produite).

En élevage, les caractères spécifiques d’une race sont le résultat d’un travail de sélection réalisé par les éleveur·euse·s et des généticien·nne·s (et donc par l’être humain): en choisissant quels individus se reproduisent, on choisit quels caractères seront transmis à la descendance et donc quels caractères on souhaite maintenir au sein de la race. Ces caractères sont choisis en fonction d’objectifs économiques, de confort de travail ou de considérations esthétiques. Ils peuvent varier (et ont varié) en fonction du contexte historique, socioéconomique, culturel, etc.

Par exemple, en élevage bovin, la distinction communément faite entre « race laitière » et « race allaitante » ne repose pas sur un processus de sélection naturelle, mais est le résultat d’un long travail de sélection opéré par l’être humain pour créer des sous-populations spécialisées, dont certaines ont des caractères favorisant la production laitière, et d’autres la production de viande. On parle de « race mixte » lorsque le travail de sélection permet une production à la fois de lait et de viande.

Du point de vue génétique, une race issue d’un tel travail de sélection tend vers l’homozygotie : c’est-à-dire que pour chaque gène, les deux allèles sont identiques. L’avantage est qu’il est ainsi plus prévisible que la descendance ait des caractéristiques homologues. L’inconvénient est que cela augmente le risque d’apparition et de maintien de tares génétiques, lié à la consanguinité.

Croiser les races : une solution plus durable ?

En élevage, le croisement est la pratique qui consiste à faire s’accoupler deux animaux appartenant à la même espèce mais à des races différentes.

Il existe différents types de croisements selon les objectifs recherchés

  •  Le croisement terminal : il vise à produire une génération d’animaux ayant des caractéristiques intéressantes pour la production de viande : ces animaux sont destinés à l’abattage et ne donneront pas de descendance.
  • Les croisements qui visent à créer ou modifier durablement les races : contrairement au croisement terminal, les individus croisés seront mis à l’accouplement
    • Le croisement d’absorption : il a pour objectif de permettre de passer d’une race A (race dite « absorbée ») à une race B (race dite « absorbante »). Il consiste en l’utilisation systématique de taureaux de race B sur les vaches du troupeau initial puis sur les femelles croisées. On considère généralement qu’à partir de la 4ème ou 5ème génération, le processus d’absorption est terminé.

Ex : absorption de la Bretonne Pie Noire par la Prim’Holstein au cours des années soixante-dix.

Schéma croisement d'absorption
    • Le croisement d’amélioration : il consiste en l’utilisation ponctuelle d’une race dite améliorante pour améliorer un caractère donné d’une race à améliorer. Par exemple, la race Prim’Holstein a été utilisée au cours des années En général, il n’est réalisé que sur une seule génération. Si toutefois il est réalisé sur plusieurs générations successives, il peut se transformer en croisement d’absorption.
    • Le croisement rotationnel : il consiste à alterner à chaque génération les races des mâles utilisés pour l’accouplement. Si deux races sont utilisées, on parle de croisement deux voies (ou croisement alternatif). Si trois races sont utilisées, on parle de croisement trois voies, etc.A noter : Le croisement laitier désigne le croisement rotationnel de races bovines laitières.
Schéma Croisement Rotationnel 3 voies

Les deux principaux bénéfices du croisement

  • L’effet d’hétérosis: il désigne l’accroissement des performances d’un individu croisé (F1) par rapport à la moyenne des performances des individus parents de race pure, qui résulte du brassage des différents allèles des deux races parentales. L’effet d’hétérosis est d’autant plus important que les populations parentales sont génétiquement éloignées : il est donc indissociable d’une sélection en race pure préalable.
Illustration Effet Heterosis en Production laitière
  • La complémentarité des aptitudes des races croisées : le croisement laitier suscite de l’intérêt puisqu’il permet de combiner des caractères antagonistes (et donc impossible à obtenir par la sélection en race pure seule) au sein d’un même individu croisé, par exemple le volume de lait produit et la fertilité.
Profils performances production laitière

Date de modification : 08 juin 2023 | Date de création : 02 avril 2020 | Rédaction : Julien Quenon