Vue générale d'un méthaniseur

Methanisation agricole collective et économie circulaire

La méthanisation agricole collective : vers une économie circulaire éco-innovante dans les territoires ?

Quels facteurs territoriaux favorisent le développement de l’économie circulaire dans le rural et comment ce développement impacte les territoires et les activités économiques qui s’y trouvent ? Afin de continuer à apporter des éléments de réponse, les chercheurs du projet REPRO-INNOV ce sont penchés sur l'exemple des projets de méthanisation collective agricole en Occitanie. Découvrez le nouvel article scientifique issu de cette étude, publié au printemps 2021 dans European Planning Studies.

Titre de l'article : Eco-innovations towards circular economy: the case of collective anaerobic digestion in France.

Auteurs :  Amélie Gonçalves, Danielle Galliano, Pierre Triboulet

Publié en 2021, dans European Planning Studies

L'article en bref

Dans cet article, nous analysons les facteurs qui permettent aux acteurs des territoires ruraux de développer des innovations environnementales (ou éco-innovations) favorisant le développement de l’économie circulaire. Nous prenons pour cela l’exemple de projets de méthanisation collective agricole développés par des collectifs d’agriculteurs en Occitanie. Nous étudions particulièrement le rôle de facteurs territoriaux, c’est-à-dire ici des ressources matérielles, des réseaux d’acteurs et du contexte institutionnel local. Nous étudions comment, en retour, la méthanisation met en lien les agriculteurs avec d’autres types d’acteurs et modifie le territoire et les réseaux d’acteurs qui le composent.

En termes de résultats, ce travail montre d’abord que les ressources locales (à l’échelle du département) disponibles sont indispensables au développement d’un projet de méthanisation collective. Ces ressources sont des matières organiques, notamment celles qui sont nécessaires pour produire du biogaz, mais aussi des ressources immatérielles, en particulier des connaissances et savoir-faire, des financements, ainsi que des infrastructures de transport de l’énergie produite. Les réseaux d’acteurs, préexistants ou tissés au fur et à mesure du projet, jouent aussi un rôle déterminant. Il s’agit, en particulier, des réseaux agricoles du département et des réseaux régionaux d’acteurs institutionnels, notamment publics. Ces derniers sont d’ailleurs d’importants pourvoyeurs de ressources pour les projets, au-delà du simple financement. Enfin, les bureaux d’étude jouent un rôle important, à l’interface entre le secteur agricole et celui des énergies renouvelables. Ces projets, et les innovations dont ils sont porteurs, se fondent donc en grande partie sur des ressources et réseaux d’acteurs de leur département et région d’implantation. Le fait qu’ils soient situés dans des territoires ruraux ne semble pas être un obstacle à leur développement.

Au fur et à mesure de l’avancement du projet, de nouveaux liens entre acteurs se créent. Ils mettent en relation le secteur agricole et celui des énergies renouvelables, faisant ainsi dialoguer deux secteurs économiques auparavant non-connectés. De plus, ces projets collectifs permettent de faire dialoguer des collectifs agricoles, des organismes publics, des élus, des industries locales, ainsi que des citoyens et des acteurs de l’économie sociale et solidaire (financement participatif, coopératives de production d’énergie). Ils engendrent donc de nouvelles coopérations à différentes échelles notamment dans les communautés de communes où se situent les projets. On note toutefois que ces projets de longue haleine peinent à se concrétiser, notamment du fait de la diversité des parties prenantes et de la difficulté à les faire dialoguer ainsi que de la persistance d’un certain cloisonnement, entre les logiques agricoles et celles liées aux énergies renouvelables.

Du point de vue académique, ce travail se fonde sur une triple originalité. En termes d’objet, car l’agriculture et les territoires ruraux tiennent une faible place dans les travaux sur l’économie circulaire. Du point de vue théorique, car nous ajoutons à la littérature sur l’innovation dans le cadre de l’économie circulaire, la dimension spatiale et la notion de variété reliée qui est aujourd’hui un concept clé en géographie de l’innovation pour analyser les liens intersectoriels sur un territoire. Enfin, en terme méthodologique, en mobilisant et adaptant une méthode particulière, celle des narrations quantifiées*

*pour en savoir plus sur la méthode des narrations quantifiées, vous pouvez vous reportez à la page 2 du document synthétique "Quels facteurs pour développer des projets éco-innovants dans les territoires ruraux ?"

Voir aussi

Date de modification : 08 juin 2023 | Date de création : 30 avril 2021 | Rédaction : Amélie Gonçalves, Danielle Galliano, Pierre Triboulet